Virginia Satir utilisait fréquemment des méditations guidées pour s’adresser directement à notre intuition. Elle s’exprimait dans un langage simple et riche en symboles et en métaphores, que chacun·e peut comprendre et s’approprier. Voici la transcription de l’une d’entre elles.
« Et maintenant, j’aimerais vous confier votre kit d’entretien de l’estime de soi, que j’espère que vous accepterez, que vous adopterez, que vous prendrez l’habitude d’utiliser.
« Le premier objet de ce kit est un chapeau de détective, que vous mettez aussitôt qu’il y a un mystère ou une question ou une tentative de comprendre : comment les pièces du puzzle s’agencent-elles ensemble ? Comment examiner les décalages et trouver les morceaux qui vont bien ? Cela s’oppose au jugement. Beaucoup de gens jugent avant d’avoir examiné, mais moi j’aimerais vous suggérer de garder votre chapeau de détective à portée de main pour qu’à chaque fois qu’une question, un mystère ou un décalage survient, vous puissiez embarquer dans une aventure exploratoire.
« Le deuxième objet de votre kit est un médaillon que vous pouvez porter autour du cou. Sur un côté en lettres magnifiquement ornées de pierres précieuses, il dit “Oui”. Dessous ce “oui”, il dit “Merci de m’avoir pris·e en compte. Ce que tu me demandes me convient parfaitement en cet instant. La réponse est oui.”
« Et de l’autre côté en lettres toutes aussi magnifiquement ornées de pierres précieuses il y a le mot “Non”. En-dessous il est dit “Merci de m’avoir pris·e en compte. Ce que tu me demandes ne me convient pas du tout en cet instant. La réponse est non.”
« Là est la clef de votre intégrité. Oui et non sont deux mots affectueux. Quand vous dites oui et que vous ressentez non, ou quand vous dites non et que vous ressentez oui, vous abîmez votre intégrité et vous vous rabaissez. Alors gardez votre médaillon comme neuf dans votre conscience, et montrez toujours le vrai oui et le vrai non, en gardant votre intégrité intacte et votre énergie intense.
« Le prochain objet dans le kit est un sceptre de pouvoir, un bâton de courage, une baguette magique – les trois à la fois. Ces trois noms désignent la même chose. Et quand vous ressentez l’envie ou le désir d’aller dans une direction, vous pouvez prendre ce sceptre de pouvoir dans votre main et y aller, en traînant vos peurs derrière vous si elles sont là. Si vous attendez que toutes vos peurs aient été résolues, vous n’avancerez probablement jamais. Si vous prenez ce sceptre de pouvoir, baguette magique, bâton de courage dans votre main et que vous avancez, bien des fois votre peur se sera évanouie avant que vous ne soyez parvenu·e là ou vous vouliez aller.
« Et de prendre ce sceptre et de l’utiliser pour vous donner du pouvoir veut dire que vous vous utilisez, vous, comme point de référence : est-ce que ça convient ? Où est-ce que je veux aller ? C’est vous qui avez la vision. Personne d’autre n’a votre vision, et beaucoup de gens – n’ayant pas votre vision, ne la comprenant pas – tenteront de vous décourager parce qu’ils pensent que vous allez vous faire mal.
« Beaucoup de gens ont peur d’aller vers l’inconnu, mais avec votre vision qui vous guide et votre espoir qui vous guide, vous pouvez y aller – et la plupart d’entre nous doivent y aller seul·es. Ou si vous n’êtes pas seul·e, vous ne vous laisserez pas décourager par les autres autour de vous, qui par peur tenteront de vous décourager. La poussée en chacun·e de nous est puissante et veut sans cesse prendre de nouvelles formes. Et en vous donnant la permission d’aller dans la direction de vos visions – de vos rêves, de vos espoirs, de vos souhaits – cela vous emmène vers de nouveaux états de développement.
« La chose suivante dans le kit est une clef dorée. La clef dorée vous permet d’ouvrir toutes les portes, de poser toutes les questions, de rendre dicible ce qui est indicible, et de tenter l’impossible – le rendre possible – en créant de nouvelles ouvertures, en regardant par toutes les fentes, en remarquant jusqu’au moindre mouvement. C’est votre clef dorée.
« L’objet suivant dans le kit est un coffret de sagesse. Le coffret de sagesse fait partie de votre héritage. Il fait partie de ce avec quoi vous êtes venu·e en ce monde. Et pour ma part, je l’ai localisé en allant cinq centimètres dans mon nombril et en remontant vers mon cœur. À mi-chemin, je trouve mon coffret de sagesse.
« Le coffret de sagesse est au contact de toute la sagesse de l’univers – toute la sagesse du passé et toute celle qui réside en vous. C’est la partie que vous sentez parfois vous montrer le chemin ; parfois on l’appelle la petite voix tranquille. C’est cette partie au cœur de vous qui sait et qui cherche à vous montrer le chemin.
« Pas plus qu’une pensée ou qu’un sentiment, on ne le trouvera pas sur une table d’opération. On ne l’y trouvera pas, mais je ne remets pas en cause la présence d’un coffret de sagesse. C’est cette partie de nous en laquelle, quand nous sommes débarrassés de nos protections et de toutes nos peurs, nous entendons l’éveil de notre développement et de notre sagesse. Peut-être que notre plus grande tâche dans la vie est d’enlever tout ce qui se tient entre nous et notre sagesse, et ensuite de reconnaître que les humains ont tous un coffret de sagesse. Qui attend simplement d’être ouvert.
« Regardez à nouveau votre kit d’entretien de l’estime de soi : votre chapeau de détective pour l’exploration, votre médaillon pour votre intégrité, votre pouvoir d’aller directement à votre vision, votre clef dorée pour regarder partout, et votre coffret de sagessse pour être en lien avec la sagesse de l’univers. Votre corps est la manifestation de l’univers, avec tout ce qu’il contient.
« Laissez-vous maintenant être à nouveau au contact de votre respiration, et si ces outils ne sont pas déjà à votre portée, ou si vous ne les avez pas déjà utilisés, pourriez-vous vous donner la permission de les essayer pour voir et de les laisser devenir les vôtres ?
« En utilisant davantage votre coffret de sagesse, et tous vos outils, vous pouvez aller voir dans votre placard psychologique ce qu’il y a là pour vous – ce dont vous avez besoin en cet instant. Et vous verrez peut-être qu’il y a là des choses qui sont venues suite à un oui prononcé quand on ressentait non – ce qui pourrait inclure de la colère, de la rage, du ressentiment. Ou vous y verrez peut-être des choses qui vous ont dit par le passé « tu ne mérites pas d’aller plus loin, tu as fait des choses pas bien ». Mais peut-être que vous reconnaîtrez ça pour ce que c’est : un malentendu sur vous et qui vous êtes. Et en enlevant de votre placard ces choses en les triant, en les remarquant, en les laissant filer, vous pourrez faire de la place pour de nouvelles choses qui viennent suite au nouveau regard que vous portez sur vous.
« La possibilité de nouvelles visions et des moyens pour les atteindre est accrue par votre connexion au centre de la terre, qui envoie une énergie montante à vos pieds et à vos jambes et qui vous donne un aplomb – la capacité de penser, de savoir, de recueillir des savoirs, et d’être doué·e de raison. Vous êtes aussi dépositaire d’une énergie venue du ciel, qui descend par votre visage et votre cou dans vos bras, votre torse, apportant avec elle l’énergie de l’imagination, de l’intuition, des sensations – le genre de choses qui donne couleur et musique et texture à votre vie.
« Et quand les deux se rejoignent, elles créent une troisième énergie – qui vous permet de passer de l’intérieur de vous à l’extérieur, où vous pouvez entrer en contact avec ces yeux et ces oreilles et ces bras et cette peau et ces idées qui sont prêtes et accueillantes. Et en ce qui concerne celles qui sont encore en bourgeon, pas encore prêtes, autorisez-vous à remarquer, à aimer, et à passer votre chemin.
« Et ce matin, alors que vous entrez dans cette journée, donnez-vous la permission de savoir que vos fondations sont solides ; que vous êtes un merveilleux, magnifique être de cet univers, et que vous avez seulement à vous imprégner de cette magnificence.
« Et maintenant s’il y a quelqu’un dans ce monde, vous inclus·e, qui aurait besoin d’énergie de votre part, qui que ce soit à qui vous voulez l’envoyer – des chefs de ce monde, des membres de la famille, des ami·es – prenez ce moment pour envoyer une énergie qui vient de vous. Envoyez-là avec un message d’amour qui dit « sers-toi de ça comme tu le pourras ». Et très doucement laissez votre attention revenir pleinement ici et ouvrez progressivement vos beaux yeux, regardez autour de vous. Et si des mouvements ou des sons veulent se manifester, laissez cela simplement arriver. »
– Virginia Satir.
(in The Satir Model de Virginia Satir, John Banmen, Jane Gerber & Maria Gomori, 1991. Traduction Emmanuel Gaillot, 2022. Publié avec l’aimable autorisation de Science & Behavior Books, Inc. Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés.)